Le mercredi 1er décembre dernier le Groupement des Agriculteurs Bio du Finistère, dans le cadre des programmes d’actions d’amélioration de la qualité de l’eau du Syndicat Mixte de l’Horn, a donné rendez -vous aux légumiers du secteur pour parler légumes et azote et voir comment améliorer la fertilité de son sol par l’introduction de céréales et couverts avec graminées et légumineuses. Une vingtaine de personnes étaient présentes. Elles ont pu découvrir comment le GAEC de Kersabio de Sibiril cherche à atteindre l’ autonomie en fertilisation sans élevage.

Savoir-faire : être autonome en fertilisant organique sans animaux, c’est possible ?  

C’est en tout cas l’objectif visé sur la ferme du GAEC de Kersabio à Sibiril, où un public nombreux de producteurs est venu échanger avec Caroline, Solange et Philippe BIHAN, sur l’invitation du GAB29  en convention avec le Syndicat Mixte de l’Horn. Sur un parcellaire de 25ha, bordé de haies et avec des prairies  humides, seuls 6 hectares sont valorisés en légumes, 4ha de céréales et 15ha de couverts.

L’objectif de ce rendez-vous « légumes et azote », est de confronter les expériences autour de la fertilité du sol, notamment en fin d’automne où les sols sont naturellement très riches, par le cumul de la minéralisation de l’année. Cette richesse du sol ne profite à cette saison que trop peu aux cultures  légumières, mais profite parfois au lessivage des nitrates, surtout sur des cultures peu couvrantes, peu protectrices comme les céréales.

La place des couverts à base de luzerne est prépondérante au GAEC de Kersabio. Elle se plait sur ces terres à pH équilibré. Plus couchée en hiver, elle relève bien dès que les chaleurs reviennent, et la production de biomasse est quasi équivalente en aérienne (60%) que sous le sol, par le réseau racinaire très puissant. Sur une parcelle couverte de luzerne pendant 30 mois, avec peu d’exportations, l’incorporation de cette luzerne a été réalisée en aout pour bénéficier de bonnes conditions et éviter les repousses, puis suivie d’un semis de moutarde pour capter une partie de l’azote minéralisé. En toute logique, cette moutarde croissante pendant tout l’automne-hiver va capter cet azote pour ensuite le restituer aux légumes cultivés sur cette ferme – carotte, céleri, fenouil, ou betterave. Mais l’excès de reliquat d’azote, très fort sur de nombreuses parcelles suite à cet fin d’été et automne très minéralisant, risque de donner des cultures trop fertilisées, avec des gros calibres vite atteints et des soucis de conservation, ou parfois sanitaires. Face à ces risques, Philippe souhaite se tourner vers une céréale de printemps, plus couvrante qu’une céréale d’hiver, et plus gourmande pour valoriser l’azote, par exemple un blé panifiable dont la qualité est en lien avec le taux de protéine et d’azote.

Ainsi les quantités d’azote disponibles après luzerne imposent un raisonnement de la succession des cultures après luzerne pour ne pas perdre l’azote ainsi fixé. Quelques conseils sont possibles : 

  •  Limiter le délai entre destruction de la luzerne et implantation de la culture / du couvert  
  • Optimiser la succession de cultures sur au moins 2 années culturales après luzerne :
              – Implantation de couverts de type crucifères (famille poussante tout l’hiver) dans l’interculture suivant la destruction de la luzerne et celle d’après
              – Implantation d’une culture gourmande en azote après destruction à l’automne (exemple : colza) ou au printemps (maïs,
    betterave rouge, pomme de terre).
  • Travailler avec un éleveur pour la valorisation de la luzerne

Toujours en réflexion, le GAEC teste des couverts de mélange avec moins de luzerne, à base de ray-gras anglais et hybride, et un peu de trèfle incarnat. Ce complément de plantes permet d’associer des cultures qui poussent sur des plages de saison différente, mais qui se concurrencent. L’autre voie est de limiter le temps de culture de cette luzerne, afin également de freiner le salissement de la parcelle par des vivaces telles que les rumex, toujours présentes malgré le couvert longue durée.

Vous vous posez des questions sur la gestion de vos interculture ? et plus particulièrement la luzerne ? Un conseil  individuel sur votre exploitation par des conseillers du GAB 29 ou de la chambre d’agriculture est possible (avec possibilité de suivi de parcelle). L’accompagnement est entièrement financé par le Syndicat Mixte de l’Horn. Appelez nous pour connaitre les modalités : 02 98 69 51 95