Retour sur le groupe herbe du 27/05/2021

Le 27 mai le groupe herbe s’est réuni au syndicat de l’Horn pour échanger lors d’une après-midi en salle sur le renouvellement des prairies de fauche et de pâture.

 

Ci dessous le compte rendu de Pierre Bescou ayant co-animé la journée avec le Syndicat de l’Horn.

 

Quel itinéraire technique pour nos prairies ?

1) Fondamentaux de l’agronomie

Pour commencer quelques rappels agronomiques concernant le renouvellement de pâtures.

Pourquoi le fait-on ? Et quels indicateurs nous permettent de l’intégrer dans une rotation ?

Les prairies vieillissent plus rapidement si le sol ne vit pas. Un sol qui ne vit pas se stratifie, en couches imperméables les unes aux autres. Plusieurs conséquences à cela, dont l’incapacité de la pâture à s’approvisionner en eau et en éléments nutritifs en conditions défavorables, et la mauvaise évacuation des excrétions de la plante, qui l’intoxique et fait apparaître des plantes dites « bio indicatrices » (rumex,…). Un salissement, et une prairie « qui ne donne plus » sont ainsi souvent les deux raisons qui incitent les éleveurs à refaire une pâture. Une prairie riche en humus et en carbone, présentant de bons rapports C/N, c’est un gage de réussite incontournable pour faire vieillir ses prairies.

2) Quel type de rotation mettre en place ?

Pour casser ces cycles, il est important de repositionner la prairie dans un type de rotation bien défini. Ainsi, pour des cultures exclusivement de fauche, des rotations en 3/5ème (3 années de prairies, 1 année de maïs, 1 année de céréales par exemple) est souvent utilisée. Pour des prairies accessibles et pâturées, possibilité d’allonger à 5/7ème voire 7/9ème, avec à chaque fois 1 maïs puis 1 céréale, voire 2 maïs.

En effet, en zone de bord de mer et dans le sud du département, avec des hivers plus doux, l’implantation d’automne jusqu’au 15 octobre est tout à fait possible. En revanche, pour les zones plus froides où les gels hivernaux sont courants, préférez un semis de printemps sous couverts d’avoine diploïde (30 à 50 kg/ha). Les semis après orge sont à proscrire car le pouvoir germinatif de cette espèce est bien trop concurrentiel pour la jeune prairie. Il est également possible de faire une rotation courte sur le parcellaire accessible, avec du colza fourrager, derrière lequel sera réimplantée une nouvelle prairie à l’automne. Pour les zones moins favorables, possibilité de l’associer à du RGI pour ressemer la pâture qu’au printemps suivant. Cette dernière technique a été utilisée sur la station Expérimentale de Trévarez (29), où on tire un rendement annuel de 4tMS sur la dérobée. De plus, cela permet d’avoir un fourrage vert durant les étés compliqués.

3) Quel type de mélange pour les prairies pâturées?

Il est à mon sens primordial de conserver une base RGA/TB dans nos prairies. En effet, ce mélange est un gage de rendement/qualité incomparable. En revanche, il est très important de choisir ses variétés.
Ainsi, concernant le RGA, il est intéressant de mélanger un diploïde à un tétraploïde. Le premier étant souvent le plus adapté pour le pâturage, le second offre de l’appétence, indispensable pour le systèmes où le silo de maïs reste ouvert. Pour ce qui est des trèfles blancs, associer un intermédiaire (Demand) et un nain (Huia par exemple). Il peut parfois être intéressant dans des terres moins fertiles d’associer des espèces telles que la fétuque élevée en terre humide, ou du trèfle hybride ou violet pour assurer la valeur de la prairie en première année.
Garder une moyenne de 30% de trèfle par an dans une prairie, c’est gagner en valeur alimentaire, et faire l’économie de 50 U d’azote/ha/an

4) Quel type de mélange pour les prairies de fauche?

Là encore, plusieurs stratégies possibles. Si la luzerne reste intéressante en zone séchante avec des bons pH, un mélange à base de RGH et Trèfle violet semble plus adapté aux zones humides. Bien conduit, un tel mélange peut avoisiner des rendements de 12 à 13tMS/ha/an, avec des valeurs MAT de l’ordre de 20% en fauche précoce. Possibilité de lui associer un trèfle hybride qui colonisera les espaces vides. Opter pour un RGH typé italien pour les prairies de fauche (et plutôt du type anglais non remontant pour les prairies pâturées).

 

Le prochain rendez-vous du groupe herbe aura lieu début septembre

La date et le contenu de la formation seront mis en ligne très prochainement